La presse


 

Collioure: Philippe Laborderie, artiste plasticien, lance sur le quai du Voramar un nouveau concept de mobilier urbain.
Le  « design-révolution» est en marche !

L’artiste plasticien Philippe Laborderie aux côtés du maire de Collioure, Michel Moly,
sur le quai Voramar, à Collioure.

C’est le vendredi 25 février 2011, à 11h, que Philippe Laborderie – « Fifi » pour plusieurs générations de Colliourencs – présentera à la presse et en avant-première mondiale la « Ligne Kg concept. » ; une ligne de compositions sculpturelles conçues et imaginées pour l’espace vie… Il y a longtemps que le design pratique et fonctionnel qui « encombre » nos villes et sites touristiques n’avait subi un tel lifting !
A l’origine donc de ce concept innovant, l’artiste plasticien Philippe Laborderie, diplômé de l’Ecole des Beaux-Arts de Toulouse (Haute-Garonne). Son oeuvre, rythmée par de nombreuses expositions remarquées (et remarquables) en matière de peinture et de sculpture, s’inscrit en parallèle dans l’univers de la décoration, principalement grâce à des interventions pour la conception et la réalisation de décors pour le théâtre et le cinéma.
L’artiste et créateur traduit ainsi sa démarche : « Concevoir un contenant sans contenu, inverser les rôles et les matières, détourner l’objet ».
C’est sur les quais de Collioure, qu’il fréquente depuis trois décennies (au moins !), que la rencontre a déjà eu lieu entre l’artiste et ses fameuses cagettes transformées, avec la solidité de l’acier et l’esthétique d’un visuel résolument moderniste.

Pour entrer dans l’univers de l’artiste et se faire un avant-goût de son talent, en attendant d’en discuter directement avec lui, il y a son site : www.philippe-laborderie.com

 

 

 

source : http://www.ouillade.eu/
 

 


 

Le poisson pilote son art

Il dégage la coolitude d'un Titouan Lamazou, ancien rugueux soutier chahuté par les pièges océaniques et dorénavant peintre-bédéiste rimbaldien aux dessins calme plat enchanteur. Il a le même look, cheveu long bouclé frisottant, sauf que blond et non brun, et la peau brunie par l'éblouissement des glaciers marins. Et comme l'ex-navigateur, c'est la mer qui a été son vaisseau-cocon, son ventre d'inspiration. Philippe Laborderie, 57 saisons aujourd'hui, est né un 13 mars sous le signe du poisson à Cahors. Un signe qui n'aura rien d'insignifiant. 1971, jeune flibustier aux aguets, il s'inscrit dans un concours de sable à l'Ile de Ré.

Moi je n'ai pas fait de château, mais une belle femme nue, une naïade. Déjà, j'étais en décalé. Le genre tonitruant à l'autorité en délicatesse. J'ai très vite affirmé à mes parents qu'après le bac, je ne voulais pas rentrerà la fac, mais que je tenais absolument à m'inscrire aux Beaux-Arts de Toulouse. 
C'est ce que j'ai pu faire, et je me suis très vite mis dans l'ambiance en faisant partie de la célèbre fanfare; et je dois aussi dire que des enseignants compétents ont su me donner des envies. La sculpture était mon univers, mais aussi le modelage. J'adore la pâte à modeler"

Photo : Frédéric Maligne

Une jolie tête de l'art ce Philippe, qui allait ouvrir ses yeux sur son passé adolescent lors de son travail pour son diplôme basé sur le couple.

"Comme manaïade de l'Ile de Ré, c'est la figure féminine en bois et en plâtre très brut qui m'a permis de réussir. Sur cette première oeuvre, il me semble que je m'étais arrêté quand il fallait. Elle a dû plaire car j'ai appris qu'elle avait été vendue."

Comme un enfant séparé de sa mère sans concession. En acceptation même. Le psy le plus maternaliste pourrait convenir de sur-interpréter.

"Chaque fois que je fais un travail, je fais un enfant. Et une fois qu'il est né, il ne m'appartient plus. Je me détache très vite, car ce qui me plaît, c'est ce que je vais faire demain."

Ou comment ne pas appartenir pour mieux s'appartenir. Se déposséder pour ne pas se sentir possédé. Libre comme un poisson dans l'eau, ondulant de la nageoire créative en passant sous le ventre des prédateurs, en se mettant à rire comme Flipper le dauphin dans la vieille série télévisée américaine. On vous l'avait bien dit: le signe du poisson pilote son art. Bizarrement anachronique, il n'est pas adhérent de la quintessence de notre époque artiste politique.

"Je ne suis ni dans l'empathie, ni dans la révolte, avant de débuter un travail. Je suis beaucoup plus dans le positif, l'émotion pure." 

Ce plasticien ne se figera jamais dans une plastique. Comme un Lamazou aventurier, il aime larguer les amarres pour aller fracasser quelques vagues et retourner la houle. Et ainsi faire renaître. La preuve avec ses cagettes et son KG Concept.

"Cela faisait trente ans que j'allais à Collioure et surtout à Port-Vendres où j'adorais m'imprégner de l'ambiance de la criée. Et, c'est là que j'ai décidé de travailler sur ces cagettes de poissons de 3 kilos. Je les explorais neuves empaquetées façon Cristo, ou usagées en désordre façon Land Art."

S'il se sépare de ses propres enfants, avec les cagettes, il a opté pour l'adoption.

"J'adore ce format très équilibré. J'ai choisi de les désappartenir de leur fonction, une volonté forte de leur donner une seconde vie, et qui dit nouvelle identité, dit reconnaissance. J'ai voulu accompagner cet objet dans diverses fonctions, en tenant compte que la priorité était la création artistique, une sculpture en métal. Le fer assure la pérennité. Ensuite est venue la fonction mobilier. Avec ces cagettes, tu peux faire une chaise, une table, un meuble de rangement. L'esthétique de cet objet très épuré est capital. Je les soude à l'arc, je les teinte, je les peints, je les grave. Il y a des possibilités illimitées."

A partir de quelque chose de loufoque, Philippe Laborderie a rejoint, comme un poisson échappant à tous les hameçons classiques, le sillon du design Bauhaus.

" C'est vrai que c'est une forme d'art pauvre, primitif.'

Et toujours comme un poisson échappé de la Garonne, il a rejoint les bans de I'Atlantique et de la Méditerranée.

"Collioure et Biarritz ont accepté deux vitrines avec mes cagettes."

Une cagette dans laquelle il ne se laissera jamais enfermer.

 

 

 

Par Tristan Nelson
Magazine Mis en Scene
Hiver 2010 - Printemps 2011

source http://www.magazine-misenscene.com

 

Published on  May 8th, 2013